Jena Paradiesstadt II

Publié le par Snorri de Gotland

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Ôtez la Saale à Iéna, et vous lui enlever l'une de ses parures. C'est que la plus considérable rivière de la région de l'Elbe ne coule pas inaperçue comme un ruisseau chétif. Dans son parcours de cinquante milles allemands, où l'Ilm et l'Unstrut lui versent leurs eaux, le Saale a le double attrait du naturel et de la grâce. Les bras ouverts et fermés tour à tour comme une mère, elle est mobile en ses allures comme un enfant. Vous la voyez s'enfermer solitaire entre des parois de rocher et des précipices, pour reparaître au grand jour et courir à travers les campagnes. Les cités qu'elle arrose, les vieilles tours qu'elle baigne l'associent à leur souvenir. De Louis le Sauteur à Charles Quint, de la guerre de Trente Ans jusqu'à notre âge, elle a vu sur ses bords des peuples divers et des luttes acharnées. Mais ni les évènements ni les hommes n'ont épuisé sa source ou ralenti sa marche fertilisante. Navigable pour de petites embarcations sous les murs de Halle, près du château de Wettin, berceau de la maison de Saxe, elle a plus d'une fois roulé de l'or et, jadis, une âme pieuse fit don à l'église d'Iéna de quelques parcelles du métal précieux.

 

Or pour or, je mets les légendes dorées avant les lavages aurifères, et la poésie avant la prose. Pourquoi seulement la muse populaire habite-t-elle avec tant de prédilection les rivières et les montagnes ? Pourquoi ? N'est-ce point qu'au merveilleux dont elle s'inspire il faut, pour nous frapper davantage, l'infini mystère des eaux et les immenses profondeurs de la terre ? Peut-être. Ce qui ne souffre pas le doute, c'est l'existence d'un règne magique aux environs d'Iéna. Les génies de ce règnes sont les célèbres nixes ou ondines de la mythologie germanique et scandinave.

 

Les habitants d'Iéna vous parleront d'une belle femme aux blonds cheveux, vêtue de blanc, qu'ils ont aperçue sous les flots ou sur la rive. Silencieuse et, en apparence, indifférente à ce qui se passe autour d'elle, on l'a vue sortir tout à coup de sa rêverie pour se mêler aux humains. Son habile manège a détourné du suicide une pauvre servante, et un jour que la fille d'un pêcheur s'était baissée vers la rivière pour cueillir des plantes, elle se plaça entre la malheureuse et l'abîme, en faisant un signe du doigt. Mais les sentiments qui agitent la nixe peuvent la rendre méconnaissable. Sous l'empire de quelque irritation, sa beauté disparaît, ses traits se contractent, et sa chevelure foncée n'adoucit pas l'effrayante expression de son regard. Malheur à quiconque s'aventure alors à la braver ! Elle devient redoutable, elle exige sa victime annuelle. C'est ainsi qu'un boucher, se baignant dans la Saale, ne sauva sa vie qu'à force de crier au secours, et encore portait-il la trace de deux grosses griffes sur ses jambes ensanglantées.

 

(Edouard Humbert)

Publié dans Par delà le Rhin

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